La peinture à l’encaustique nous provient de la Grèce antique. L’expression même “encaustique” dérive du mot Enkaustikos qui désigne l’action d’intégrer grâce à la chaleur. Depuis cette époque, le médium pictural est fait à base de cire d’abeille, et c’est la même technique qu’utilise encore aujourd’hui Alexandre Masino.

Longévité de l’encaustique

L’encaustique est le médium pictural le plus durable que l’on connaisse, ce dont font foi les portraits de Fayum, qui ont survécu 2000 ans sans craquer, sans s’écailler ni perdre leur éclat. La durabilité de l’encaustique est attribuable à la cire d’abeille dont elle est principalement composée. Cette cire possède d’innombrables qualités qui lui permettent de traverser l’épreuve du temps dont: l’imperméabilité totale, la résistance aux moisissures et aux bactéries ainsi que d’être parfaitement indigeste pour les insectes. Les tableaux d’Alexandre Masino ne contiennent pas d’huile de lin, qui pourrait jaunir en vieillissant, ni d'huile de pavot qui pourrait faire craquer la surface.


Entretien et accrochage

Les tableaux à l’encaustique ne sont pas vernis. Le liant de cire les protège des plus efficacement contre l’humidité et les impuretés atmosphériques.

Les tableaux à l’encaustique ne devraient pas être soumis à des températures extrêmes puisque le gel intense peut les faire craquer et qu’une chaleur excessive pourrait les faire fondre ou en ramollir la surface, la rendant perméable aux poussières. Cette contrainte ne pose aucun problème, sauf dans certaines conditions extrêmes tel un transport non adéquat. Il est donc nécessaire lors du transport des oeuvres à l'encaustique de les protéger contre le gel qui pourrait faire perdre toute flexibilité à la cire et l'empêcher de suivre les petites ondulations du support, ce qui peut engendrer des craquelures. Il est également nécessaire de protéger les oeuvres à l'encaustique contre des chaleurs trop intenses.

Une certaine oxydation de la surface peinte peut se produire avec le temps. Cette réaction est totalement normale et sans danger pour l'oeuvre. Si l'un de vos tableaux à l'encaustique se voile légèrement d'un filtre blanchâtre ou perd quelque peu son lustre, il suffit de polir l'oeuvre avec une brosse à soulier douce et propre. L'utilisation d'une telle brosse permet de bien atteindre toutes les aspirités de la surface peinte. En cas de besoin un linge propre et doux peut également être utilisé.

Le grand avantage que possède l'encaustique est que la plupart des problèmes inhérents à la conservation des tableaux à l’huile et des détrempes (tempera, fresco, secco) tels le jaunissement, la fragilisation de la surface, le craquellement et l’écaillement dus à l’oxydation des huiles ne se produisent pas du tout. Cette particularité implique que s’ils sont normalement protégés les tableaux à l’encaustique demeureront inchangés, et ce pour des siècles.

 

 

Procédé

Le procédé lui-même est très simple mais demeure difficile à maîtriser : des pigments secs sont ajoutés à de la cire d’abeille fondue mêlée à de la résine de damar, afin de les appliquer sur une surface rigide. Un support flexible tel la toile ne peut être utilisé avec de la cire d’abeille puisque le médium n’aurait pas la flexibilité de suivre les mouvements inhérents à la toile.

La surface peinte étant plus froide que la cire que l’on applique, les coups de pinceau figent instantanément, et ce dès l’application. Cette particularité oblige l'artiste à développer une approche spécifique à l’encaustique, différente de celle utilisée avec tout autre médium. Le peintre doit, en effet, réchauffer subséquemment la surface peinte avant d'ajouter d'autres coups de pinceau afin de s'assurer que la cire forme un bloc et non un effet "mille-feuilles". La dernière étape consiste également à passer une source de chaleur au-dessus de l’oeuvre afin de s’assurer que les différentes couches de cire ont bien fondu les unes dans les autres. La surface peut ensuite être polie à l’aide d’un linge délicat ou d'une brosse à soulier douce, afin d’augmenter la brillance du fini. Cette méthode décrit la façon classique de procéder, mais il existe aujourd’hui d’innombrables techniques ainsi que plusieurs différentes cires utilisées telles la cire microcrystaline.

 

 

Depuis les 50 dernières années, l’encaustique a beaucoup gagné en popularité en tant qu’alternative à la peinture à l’huile et à l’acrylique. Ce qui attire particulièrement les peintres, indépendamment du style qu’ils pratiquent, est la spontanéité et la versatilité que leur permet ce médium. La cire refroidit instantanément, ce qui permet de superposer différentes couches sans qu’il n'y ait de laborieux temps d’attente. Une fois la surface peinte refroidie, le tableau a déjà atteint sont fini permanent. Toutefois il est possible de le retravailler sans tenir compte du laps de temps écoulé, qu’il s’agisse de quelques minutes ou de quelques années.

L’encaustique possède des qualités visuelles d’une grande richesse et d’une grande sensualité tout en étant le médium pictural le plus durable. En traversant le temps, le tableau à l’encaustique gardera toute la fraîcheur de l’oeuvre qui vient à peine d’être achevée.

Écrit par Alexandre Masino, 2013

 

 

Historique de l’encaustique

Extraits, traduits de l’anglais, provenant du livre “The Artist’s Handbook of materials and techniques” de Ralph Mayer, publiés aux Éditions Viking, Penguin Books USA, New York, 1991 (Cinquième édition).

"La peinture à l’encaustique était pratiquée par les artistes grecs dès le 5ième siècle av. J.-C. La majeure partie de notre connaissance sur le sujet nous vient de l’historien romain Pline l'ancien, qui vécut au 1er siècle av. J.-C. Malheureusement, Pline semble avoir eu une connaissance bien sommaire des techniques pratiquées dans les ateliers des peintres, ce qui limite ses descriptions des méthodes et des matériaux utilisés. Selon lui, toutefois, l’encaustique était employée à diverses fins: la peinture de portraits et de scènes mythologiques sur panneaux, la coloration de marbre et de terracotta ainsi que le travail de l’ivoire (propablement la coloration de motifs gravés).

 

 

La cire est un excellent agent de préservation. C’est à partir de cette utilité que la peinture à l’encaustique fut développée. Au départ, les Grecs appliquaient des couches de cire et de résine aux coques de leurs navires afin de les rendre étanches. Par la suite, la cire fût colorée pour décorer les bateaux de guerre afin de les rendre plus menaçants, ce dont il est même mention dans les textes d’Homère qui décrivent les bateaux peints se dirigeant vers Troie. L’utilisation rudimentaire de l’encaustique était donc déjà pratiquée au 5ième siècle av. J.-C. Il est probable qu'à cette époque l’application faite à l’aide de larges pinceaux de cire sur les bateaux de guerre se raffine et se transforme en l’art de la peinture sur panneaux. Pline mentionne même deux artistes qui débutèrent leur carrière en tant que peintres navals.

 

Les tableaux à l’encaustique les plus connus sont sans doute les portraits funéraires de Fayum, peints au premier et au deuxième siècles de notre ère par des peintres grecs établis en Égypte. Un contingent important de Grecs s’établirent en Égypte suite à la conquête d’Alexandre le Grand, et ils adoptèrent éventuellement un certain nombre de coutumes égyptiennes dont la momification des morts. Un portrait du défunt, peint soit de son vivant soit de façon post-mortem, était toutefois placé sur la momie de façon commémorative. Un nombre important de ces portraits ont survécu jusqu’à nos jours et il est facile de constater que leurs couleurs sont aussi vives que n’importe quelle oeuvre récemment achevée.

Durant la grande période d’instabilité économique qui suivit le déclin de l’Empire romain, la peinture à l’encaustique perdit tout essor. Quelques rares oeuvres, dont certaines icônes, furent réalisées à l’encaustique jusqu’au 12ième siècle, mais en grande partie, cette pratique devint une forme d’art oubliée. La détrempe (tempera), qui est moins dispendieuse, plus rapide et plus facile à travailler, prit le dessus. Au 18ième siècle, l’idée de la peinture à l’encaustique fut ravivée comme curiosité par des amateurs qui désiraient étudier les méthodes anciennes. Au 19ième siècle l’idée fut reprise, principalement pour résoudre le problème de l’humidité auquel faisaient face les peintres muralistes des pays nordiques. Le succès de ces tentatives fut limité et la peinture à l’encaustique demeura une forme d’art obscur.

Au 20ième siècle, la disponibilité d’éléments électriques chauffants et portables, ainsi qu’une très grande variété de nouveaux outils transformèrent la nature de l’encaustique en une technique beaucoup plus facilement pratiquable. Ce facteur a créé une résurgence de la peinture à l’encaustique, qui reprend dorénavant sa place parmi les matériaux importants qui s’offrent aux artistes. Ses effets, ses propriétés visuelles et physiques, ainsi que son spectre de possibilités tant au niveau des textures que des couleurs rendent l’encaustique éminemment propices aux différents styles de peinture contemporaine qui ne seraient sans doute pas aussi bien servis par la peinture traditionnelle à l’huile.”

Références techniques

Pour plus d’information technique sur l’encaustique, Alexandre Masino recommande fortement de se référer au livre de Joanne Mattera “The Art of Encaustic Painting, Contemporary Expression in the Ancient Medium of Pigmented Wax”, Watson-Goupil Publications, 2001, que vous pouvez facilement vous procurer dans différents magasins de matériel d’artistes et sur le site d'Amazon. Pour toute autre information, veuillez consulter le site de Joanne Mattera.

 

Le livre de Ralph Mayer “The Artist’s Handbook of materials and techniques”, publié aux Éditions Viking, Penguin Books USA, est également une source précieuse d’information tant sur l’encaustique que sur toutes les techniques picturales.

L'International Encaustic Conference, dans l'état du Massachusetts, est l'endroit idéal pour parfaire son expertise dans une miriade de techniques reliées à l'encaustique.

La compagnie R&F Handmade Paints offre également des ateliers et des cours sur l'encaustique à travers les États-Unis. La manufacture de l'état de New York est accompagnée d'une galerie et d'un atelier où sont offerts des cours de différents niveaux sur une base régulière.

 

 

 

©2004 Alexandre Masino